American vertigo by Lévy Bernard-Henri

American vertigo by Lévy Bernard-Henri

Auteur:Lévy,Bernard-Henri [Lévy,Bernard-Henri]
La langue: fra
Format: epub, mobi
Tags: Littérature moderne
ISBN: 9782246683919
Éditeur: Grasset
Publié: 2006-07-14T22:00:00+00:00


La gloire du Sud

A qui aurait en tête les clichés littéraires sur le Sud d’après la guerre de Sécession, à qui continuerait de voir le nouveau Blanc de ces contrées sous les traits d’un gaillard en salopette à la mode Faulkner, Steinbeck ou Caldwell, à qui en serait resté au mythe du Sudiste hébété, muet, infans, absent à la parole et, pour cette raison, barbare, aux amateurs de folklore qui n’en finissent pas de voir dans ces plantations de coton et de tabac des terres de désolation hantées par un Dieu lui-même silencieux ou à l’omniprésence, au contraire, assourdissante, aux anti-Sudistes pavlovisés pour qui un Blanc de Louisiane ou d’Alabama est, au pire, une graine d’assassin et, au mieux, un dégénéré, détruit par des parents consanguins et ivrognes, manipulé par des pasteurs assassins de prostituées, simple d’esprit, habité par l’esprit du Mal, raciste par tradition, ségrégationniste par réflexe et nature, criminel par amertume et parce qu’il ne se résout pas à l’irrésistible libération des Noirs, à tous ceux-là, je recommande la fréquentation de deux personnages admirables : Morris Seligman Dees Jr et Jim Carrier.

Du premier, avocat et patron d’une organisation, le Southern Poverty Law Center, spécialisée dans la chasse aux « bad guys » du Ku Klux Klan, on m’avait dit pis que pendre. « Prenez garde, m’avait averti, par exemple, un journaliste de Dallas à qui j’avais exprimé mon intention d’aller voir, à mon arrivée à Montgomery, ce lointain descendant du “lawyer” rencontré par Tocqueville, le 6 janvier 1832, dès son entrée dans la capitale de l’Alabama. Prenez garde à Morris Dees. Le type n’est pas net. Pas si bien vu par les agences de notation des groupes philanthropiques. Beaucoup d’argent pour le fund-raising, moins pour les actions concrètes. Très fort pour la publicité, plus mou quand il s’agit de parler contre la peine de mort et de s’exposer, ce faisant, à l’impopularité des donateurs. Et puis la lutte contre le Klan... Est-ce qu’il n’y a pas quelque chose de glauque dans cet acharnement à faire revivre les fantômes d’un mouvement moribond, dans cette volonté d’aller les chercher jusqu’en enfer et de les réveiller – et ce, dans le seul but d’assurer sa gloire personnelle ? » La réalité est un grand type élégant, belle gueule à la Clint Eastwood, allure de sexagénaire émacié aux yeux gris pâlis par l’épreuve et le temps, dont la vie a basculé une nuit de 1967, à l’aéroport de Cincinnati. Pourquoi une nuit? Il ne sait pas. Mais c’est cette nuit-là qu’au terme d’une illumination quasi mystique il a compris que son existence n’avait plus de sens et qu’il devait réformer son âme. C'est cette nuit-là – et tant pis si l’on se moque de ce côté nuit pascalienne dans un aéroport américain – que le banal fils de planteurs de l’Alabama qu’il avait été jusqu’à présent prit conscience de sa responsabilité de Blanc face au mouvement pour les droits civiques. Et c’est cette nuit-là que, comme les fondateurs de MoveOn.org rencontrés à



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.